Comment humaniser les interfaces ?

À travers leurs études et expériences, Romain Penchenat et Liv Danthon Lefebvre nous présente leurs solutions pour humaniser nos designs.

Comment humaniser les interfaces ?
Kevin Silve | UX/UI Designer | Freelance Webflow & Figma
kevin silve
July 4, 2022
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Comment humaniser les interfaces ?

Romain PENCHENAT. 2021 de l’utilisateur au membre - Humaniser le design [en ligne]. Disponible à l’adresse : https://www.youtube.com/watch?v=7Jp0x0YVOMg&t=11s

Romain PENCHENAT est passionné par le digital et ses possibilités, il aime découvrir, créer et innover sur tous les supports. Spécialisé dans le design de produits digitaux, il favorise une vision étendue allant de l’audio/vidéo au développement web et iOS.

Sur son Podcast, Romain précise que l’on parle souvent de design utilisateur et de design d’expérience utilisateur. Or, L’utilisateur est un mot très distant où l’on sépare le créateur du simple utilisateur. C’est un peu un terme froid qui le place dans une position de faiblesse par rapport aux personnes qui créent le produit ou le service.

Il nous fait comprendre que l’on oublie parfois l’objectif principal qui est le bien de l’utilisateur, lui apporter des outils pour améliorer et simplifier sa vie.

Le Product Designer annonce que dans les prochaines années, les designers d’expériences ont ce rôle à jouer, afin d’humaniser un peu plus le design. Nous devons vivre avec l’utilisateur, lui proposer une expérience encore plus en adéquation avec ses problèmes et ses envies.

Il éclaircie ses arguments en abordant la thématique de l’ « hygiène numérique » qui a pour but de « déstresser » les utilisateurs. Les mettre dans une position où ils comprennent et contrôlent les choses. Transformer leur parcours pour le simplifier de manière à ce que leur quotidien soit plus serein et ne pas créer d’addiction.

Le deuxième point est le côté compréhension et confiance : Si on leur donne les bons outils, les bonnes informations pour comprendre les enjeux de vie privé par exemple : quels sont ces enjeux là ? À quoi ça correspond ? À quoi ça sert ? Comment les applications respectent ce qu’ils annoncent ? Cela va-t-il améliorer la cohésion entre les utilisateurs et les services qu’ils utilisent ?

Le dernier point est la durabilité de la relation client. Plus on a cette tranquillité, cette confiance ,cette compréhension, plus cette relation sera étendu. Par conséquent, positive pour les deux parties.

Il se pose alors cette question : Quel est l’intérêt pour les designers d’en prendre part ?
Il assure que le premier intérêt d’un designer est de faire le bien pour ses utilisateurs et donc de son produit.

Humaniser le design facilite l’anticipation des enjeux futurs. En effet, plus les nombreux produits prôneront cette vision centrée (plus humaine et cohérente) plus les utilisateurs s’attendront à ce genre d’expérience.

Enfin, cette pratique permet aux créateurs de ne pas stagner car aujourd’hui, il y a énormément de méthodes de recherche utilisateur/expérience.

« On peut pousser la réflexion plus loin en faisant du design humain pour le bien de l’être humain. Se questionner et repousser les limites de notre réflexion est toujours positif, dû moins, pour explorer et ne pas rester static ou fermer. »

Trois solutions applicables

Pour créer cette nouvelle relation entre les membre du produit et son produit, Romain évoque plusieurs solutions :

  • La première est de penser le produit de façon à ce qu’il fasse participer les utilisateurs dès la conception d’un nouveau projet. Nous devons intégrer une part de collaboration entre l’équipe de conception et l’utilisateur.
  • La seconde solution est de créer une communauté autour du produit. Créer un groupe autour d’un produit aura une valeur forte à long terme. Il prend l’exemple d’Adobe qui a une page où les utilisateurs peuvent proposer des features en les argumentants pour construire ensemble les idées qui seront intégrer par la suite sur les logiciels. Si un jour l’idée est mise en place par l’entreprise, les utilisateurs qui auront participé à la conception, se sentiront plus impliqués au produit et aux membres de la communauté.
  • La troisième solution est qu’au sein même de la communauté des designers, nous pouvons aider à changer les modes de pensés et à nous questionner sur cette problématique. Lancer ce débat et en discuter avec d’autres designers c’est déjà participer à l’humanisation du design et de tendre dans cette direction.

Conclusion

Le youtubeur énonce une problématique qui a bien été exposé par Harald DUNNINK lors d’une de ces conférences. Il dit que les designers ont le pouvoir de faire cette différence, d’entreprendre ce changement pour humaniser encore un petit peu plus le design.

Liv Danthon LEFEBVRE. 33 bonnes pratiques en UX Design. 1ère édition. Paris : Eyrolles, 2020.159 p.

Liv Danthon LEFEBVRE est spécialisée dans l’innovation, le conseil en design d’expérience utilisateur et la formation depuis 15 ans. Elle observe de formidables opportunités d’améliorations de produits ou services, de production ou de vente grâce à l’expérience utilisateur (UX Design).Liv a écris un livre qui explique notre fonctionnement afin de mieux concevoir des interfaces et dispositifs interactifs : 33 bonnes pratiques en UX Design, les fondamentaux de la psychologie numérique. Dans ce bouquin, deux questions principales sont posées.

Comment fonctionnons-nous face à des systèmes numériques ? Quels sont les fondamentaux de la psychologie numérique ?

Le premier conseil énoncé est de penser à utiliser des représentations d’humains ou de personnages présentant des comportements humains afin de rendre nos interfaces plus conviviales. En effet, représenter des visages ou des gestes, transmet des émotions très rapidement et avec force. Dans la vie quotidienne, nous constatons que le non verbal joue un rôle important dans les communications humaines : un froncement de sourcil nous fait reformuler une phrase, un regard attire notre attention, un geste permet de se comprendre sans parler...

Ces dernières vont jouer un rôle primordial dans l’expérience que nous ferons vivre à nos utilisateurs.

L’autrice explique qu’il existe six émotions reconnues universellement, dites de base : La tristesse, la joie, la colère, le dégout et la surprise.

Comment l’appliquer ?

Nous pouvons utiliser des photos, vidéos ou représentations de visages expressifs (dessins, croquis, animation, ets) pour transmettre rapidement des émotions. Elles viendront appuyer notre message.

Par ailleurs, Liv Danthon précise que les utilisateurs apprécient que l’ambiance du contexte soit représentée aussi dans le petit personnage qui les accueille ou les guide. Elle le démontre avec une étude de McBreen, Anderson & Jack. (2011) où les participants faisaient davantage confiance à un personnage animé qui était habillé de manière formelle pour une application bancaire, alors qu’ils appréciaient davantage un personnage plus décontracté pour la billetterie d’un cinéma.

L’écrivaine aborde donc la problématique de l’humanisation du design d’interface sous plusieurs points. Tout d’abord, être au clair avec les processus psychiques humains fondamentaux, aideproposer des designs plus respectueuses des capacités cognitives humaines, car aujourd’hui, dans un monde hyper connecté, nous avons cruellement besoin de mieux respecter la cognition de nos utilisateurs.

Malheureusement certains designs excluent une frange de la population. D’autres entravent en forçant leurs utilisateurs à s’adapter à la logique préconçue par les concepteurs. C’est la technologie qui doit s’adapter à l’humain et non l’inverse.

Ensuite, elle indique qu’en ne prenant pas en compte les véritables besoins de nos utilisateurs, peu à peu nous construisons un monde où la technique décide pour nous. Tout devient complexe et coûteux en ressources cognitives.

Ce sont les véritables enjeux cachés du développement du design UX. Conscients des processus psychologiques en jeu chez nos utilisateurs, nous pourrons concevoir des solutions plus respectueuses des usages.

Elle conclue par le fait que ce n’est que dans ce double mouvement (connaissance des principes psychologiques en jeu et observation des usages réels) que naîtra l’alchimie d’une expérience utilisateur satisfaisante.